La mer Méditerranée, vaste étendue d’eau reliant trois continents (l’Europe, l’Asie et l’Afrique) est le fruit de millions d’années de transformations géologiques.
Son histoire complexe mêle tectonique des plaques, changements climatiques et évolution des écosystèmes. Comprendre comment cette mer a vu le jour nécessite un voyage dans le temps, à une époque où le paysage terrestre était bien différent de celui que nous connaissons aujourd’hui.
Sommaire
La tectonique des plaques : l’origine de la Méditerranée
Quand on regarde la carte du bassin méditerranéen, on comprends rapidement que la formation de la Méditerranée est intimement liée aux mouvements des plaques tectoniques qui constituent la croûte terrestre.
À cette époque, une immense mer appelée la mer de Téthys s’étendait entre les supercontinents Laurasia (au nord) et Gondwana (au sud).
Cette mer de Téthys est considérée comme l’ancêtre direct de la Méditerranée.
À la suite de l’ouverture de l’océan Atlantique, provoquée par la dérive des continents, les plaques tectoniques ont commencé à se déplacer. L’Afrique, qui était alors située plus au sud, a commencé à migrer vers le nord, se rapprochant de la plaque eurasiatique.
Ce mouvement lent mais constant a provoqué la fermeture progressive de la mer de Téthys, ce qui a conduit à la formation de ce qui allait devenir la Méditerranée.
La collision entre l’Afrique et l’Europe
La rencontre entre la plaque africaine et la plaque eurasienne, qui s’est produite il y a environ 65 millions d’années, a entraîné des phénomènes géologiques majeurs.
Cette collision a provoqué la surrection des Alpes, des Pyrénées et d’autres chaînes de montagnes situées autour du bassin méditerranéen, et a contribué à la formation des reliefs côtiers tels que ceux que l’on observe aujourd’hui.
Au fur et à mesure que les continents se rapprochaient, des bassins marins résiduels issus de la mer de Téthys ont été isolés, formant des mers internes. Ces bassins ont fini par devenir des composantes de la Méditerranée moderne.
Parmi eux, on compte le bassin Levantin (situé à l’est), le bassin Adriatique et le bassin Alboran (à l’ouest).
La crise de salinité messinienne : un épisode clé
L’un des événements les plus marquants de l’histoire de la Méditerranée est la crise de salinité messinienne, qui s’est produite il y a environ 5,96 millions d’années.
Cet événement géologique majeur a vu la mer Méditerranée quasiment disparaître sous l’effet d’une évaporation massive, laissant derrière elle un vaste désert salin.
La fermeture du détroit de Gibraltar
Pendant cette crise, le détroit de Gibraltar, qui relie la Méditerranée à l’océan Atlantique, s’est progressivement refermé en raison de mouvements tectoniques. Coupée de l’Atlantique, la Méditerranée a cessé de recevoir l’apport d’eau nécessaire pour compenser les pertes dues à l’évaporation.
Des dépôts de sel de plusieurs centaines de mètres d’épaisseur se sont alors formés au fond des bassins, créant un paysage désertique où seules quelques zones, comme les plus profondes fosses marines, contenaient encore de l’eau.
Cet épisode a également eu un impact considérable sur la faune et la flore, qui ont dû s’adapter à des conditions extrêmement arides. Des espèces endémiques de la mer Méditerranée, des algues et des organismes halophiles (adaptées à des milieux très salins) se sont développées, tandis que d’autres ont migré ou ont disparu.
Le déluge zancléen : la renaissance de la Méditerranée
La crise messinienne a pris fin de manière spectaculaire il y a environ 5,33 millions d’années, avec un événement cataclysmique connu sous le nom de déluge zancléen.
À cette époque, le détroit de Gibraltar s’est rouvert, permettant à l’Atlantique de se déverser dans le bassin méditerranéen.
Un déversement rapide et massif
Selon les hypothèses actuelles, le déversement de l’Atlantique dans la Méditerranée s’est produit à une vitesse incroyable, l’eau remplissant le bassin vide en quelques années, voire quelques mois.
La puissance de cet afflux a été telle qu’elle a probablement créé des cascades géantes au niveau du détroit de Gibraltar. Cet événement a marqué la fin de la crise de salinité et la Méditerranée a retrouvé son caractère de mer intérieure, alimentée par l’Atlantique.
Ce déluge a non seulement permis la réinstallation de la vie marine, mais a également contribué à façonner le climat et l’écosystème méditerranéen tel qu’il existe aujourd’hui. Les écosystèmes côtiers ont commencé à se développer à nouveau, et de nombreuses espèces marines dont des coquillages typiquement Méditerranéens ont recolonisé la mer.
La Méditerranée moderne : une mer toujours en évolution
Bien que la Méditerranée ait retrouvé un équilibre stable après le déluge zancléen, elle reste une mer dynamique, influencée par les mouvements continus des plaques tectoniques.
L’Afrique continue de se rapprocher lentement de l’Europe, à raison de quelques millimètres par an. Cette convergence continue entraîne des séismes fréquents dans la région, ainsi que des phénomènes de subduction (lorsqu’une plaque tectonique plonge sous une autre), en particulier dans l’est de la Méditerranée, où la plaque africaine se glisse sous la plaque eurasienne.
Les éruptions volcaniques autour de la Méditerranée, comme celles du Vésuve en Italie ou de l’Etna en Sicile, témoignent de l’activité géologique persistante de cette région.
Le rôle des changements climatiques
En plus de la tectonique des plaques, les changements climatiques ont joué un rôle déterminant dans l’évolution de la Méditerranée. Les périodes glaciaires et interglaciaires qui se sont succédé au cours des derniers millions d’années ont régulièrement modifié le niveau de la mer.
Durant les périodes glaciaires, lorsque d’importantes quantités d’eau étaient retenues sous forme de glace, le niveau de la Méditerranée baissait, exposant des terres aujourd’hui immergées. À l’inverse, lors des périodes interglaciaires, le niveau de la mer montait, inondant les régions côtières.
Aujourd’hui, la Méditerranée est considérée comme une mer fermée, avec une seule ouverture naturelle vers l’océan Atlantique via le détroit de Gibraltar. Cela rend son écosystème particulièrement vulnérable aux changements climatiques actuels, notamment à la montée des eaux liée au réchauffement global. Les scientifiques estiment que les côtes méditerranéennes pourraient être significativement modifiées dans les décennies à venir, avec des répercussions sur les populations humaines et les écosystèmes.
La formation de la Méditerranée est donc le résultat d’une combinaison complexe de facteurs géologiques et climatiques. Depuis les premières étapes de la fermeture de la mer de Téthys jusqu’au déluge zancléen, cette mer intérieure a constamment évolué, et elle continue de le faire sous l’influence des mouvements tectoniques et des changements climatiques globaux.