16h16 En France

Le Louvre se réinvente, cap sur une renaissance muséale mondiale

Musée du Louvre

C’est une métamorphose à la mesure de sa légende. Le Louvre, plus grand musée du monde et temple de la culture universelle, s’apprête à engager un chantier titanesque qui redéfinira son visage, son accueil et même son rapport au public. Au cœur de cette transformation, une salle dédiée à la Joconde, la création d’une Galerie des Cinq Continents et une vision assumée du dialogue entre les cultures. Décryptage !

Une Joconde star… dans sa propre salle

Longtemps critiquée pour la scénographie jugée indigente de la salle des Etats, la présentation de la Joconde va faire peau neuve. C’est là la première nouveauté de la mue du musée… L’œuvre la plus célèbre du monde ne sera plus une étape obligée dans un parcours congestionné, mais une destination à part entière. À l’horizon 2031, Mona Lisa s’installera dans un écrin de 2 000 m², creusé sous la Cour Carrée, accessible par escalators connectés à une nouvelle entrée située sous la colonnade de Perrault, côté rue de Rivoli.

Le nouvel espace, pensé comme un sanctuaire, promet selon Laurence des Cars, directrice du musée, « un moment de contemplation plaisant et innovant », loin des cohues actuellesScénographie immersive, récit de son histoire mouvementée – acquisition par François Ier, vol retentissant en 1911 – et mise en scène muséale pensée pour durer… le Louvre passe à l’ère de l’expérience. Mais que les amateurs d’un Vinci « en contexte » tempèrent leur enthousiasme : les quatre autres chefs-d’œuvre de Léonard présents au Louvre – dont La Vierge aux rochers et Sainte Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus – resteront ailleurs. Loin d’un regroupement thématique, le choix est assumé, celui de faire de la Joconde un événement, pas une simple œuvre dans un couloir de chefs-d’œuvre.

Un Louvre aux horaires étendus et aux parcours repensés

C’est une refonte complète des accrochages qui s’annonce au Louvre, notamment pour les peintures françaises, figées depuis les années 1980, qui vont être réagencées. Idem pour les antiquités égyptiennes, parmi les plus visitées du musée. Le vieux découpage « par nation » – Espagnols, Hollandais, Français – va être « en partie cassé », affirme Laurence des Cars, pour une approche plus transversale, plus contemporaine du récit muséal. Sur un autre registre, les horaires d’ouverture seront élargis, dépassant la clôture actuelle de 18h. Une manière d’absorber plus sereinement les 12 millions de visiteurs attendus par an, mais aussi de s’adapter à une société où la culture se vit aussi le soir, en nocturne, en flâneur tardif.

Sept entrées et zéro bouchon, une révolution d’accès

Depuis sa création, la pyramide de verre de Pei concentre la quasi-totalité des flux de visiteurs. Un symbole, mais aussi un goulet d’étranglement. Pour fluidifier les accès, six autres entrées seront opérationnelles, dont certaines jusqu’ici sous-exploitées, comme la Porte des Lions, côté Seine, quasiment toujours fermée. C’est justement par cette porte historique que les visiteurs pourront bientôt accéder à un autre joyau du futur Louvre, à savoir la Galerie des Cinq Continents

Une galerie pour réconcilier les mondes

Ce qui s’appelait jusqu’ici le Pavillon des Sessions deviendra la Galerie des Cinq Continents, un espace rénové, repensé et réenchanté. Objectif annoncé : décloisonner les civilisations, faire dialoguer l’art africain, asiatique, océanien et amérindien avec les chefs-d’œuvre du Louvre. Une cohabitation ambitieuse, où cinquante œuvres issues des collections occidentales du musée dialogueront avec celles du musée du Quai Branly – Jacques Chirac et du musée Guimet, dans une muséographie inédite. Ce n’est plus une annexe, ce n’est plus un segment discret, c’est un statement culturel. La Galerie des Cinq Continents devient un manifeste, où l’art ne se divise pas par latitude, mais se répond.

Marc Ladreit de Lacharrière, l’engagement d’un mécène 

Derrière cette mue spectaculaire, un homme, au rôle aussi discret que central. Cet homme, c’est Marc Ladreit de Lacharrière, mécène historique du Louvre depuis 1995. A travers sa fondation, il finance intégralement l’aménagement de la Galerie des Cinq Continents, y compris la réouverture de la Porte des Lions, transformée en entrée moderne et accessible dès novembre 2025. Ce financement, souligne-t-il, s’inscrit dans la continuité de trente ans d’engagement pour le rayonnement culturel français. Sans contrepartie fiscale, sans tapage, mais avec une cohérence claire : « faire du Louvre un lieu de dialogue entre les cultures ».

Rachida Dati, ministre de la Culture, ne s’y trompe pas : « Le mécénat de Marc Ladreit de Lacharrière est décisif dans ce projet. Il permet de mettre en lumière des œuvres venues d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques dans une scénographie respectueuse et ambitieuse. »

Vestiaires, café et fluidité… tout pour le confort des visiteurs 

La modernisation de la Porte des Lions ne se limite pas à l’esthétique, elle intègre des vestiaires en libre-service, une zone d’accueil réaménagée, un nouveau café et une accessibilité complète. Ce sont là les signes tangibles d’un Louvre qui ne veut plus être un mastodonte figé, mais un musée fluide, habité, habitable. A noter que la transformation répond à un enjeu majeur, celui de l’expérience de visite, souvent jugée pénible par les touristes. Trop de monde, trop de files, pas assez de confort. Avec la nouvelle configuration, le Louvre cherche à réconcilier l’immensité du lieu avec l’intimité du regard, à rendre chaque parcours possible, chaque chemin fluide.

La Renaissance du Louvre est en marche, en attendant 2031… 

Ce vaste chantier, qualifié de « Renaissance du Louvre » par Emmanuel Macron, marque un tournant. Car un musée du XXIe siècle ne peut plus se contenter de conserver, il doit interpréter, accueillir, et surtout, surprendre. Avec ses nouveaux espaces, ses entrées multiples, ses horaires élargis et ses dialogues culturels repensés, le Louvre s’inscrit dans cette dynamique. Il ne s’agit pas de s’agrandir pour impressionner, mais de s’ouvrir pour mieux respirer, mieux inclure, mieux raconter.

Cela dit, tout ne sera pas livré d’un seul bloc. La Galerie des Cinq Continents, nous vous le disions, ouvrira dès novembre 2025. La salle de la Joconde, elle, attendra encore quelques années. Mais d’ores et déjà, le cap est clair, les plans dévoilés, les mécènes mobilisés. Le tout pour un Louvre moins cloisonné, moins élitiste et plus vivant ! 

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